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Cher Claude,

« Silencieuses » est le titre choisi pour ton dernier film.
Silencieuses toutes ses statues qui parcheminent Bruxelles dans des parcs, des rues, des boulevards, des places.
Silencieuses mais expressives, parfois tristes, parfois drôles, imposantes ou discrètes mais toujours présentes et offertes au regard et au dialogue.
Un dialogue muet de la part de la statue mais intérieur pour celui qui la contemple.
Le silence n’est-il pas d’or ?

Quand Martine Barbé m’a invité à travailler avec toi, une complicité vieille de 50 ans déjà, s’est ressoudée.
Chez toi, sur ta vieille petite table en bois, tu étales, à côté du café italien que tu m’as préparé, les photos de repérages que tu as prises pour alimenter ton scénario.
Et il nous plait d’imaginer des petits mouvements de caméra ou de lumière pour faire vivre ces morceaux de pierre, marbre, bronze.

De longues préparations mélangées à des repérages sur place pour déterminer la meilleure saison, la meilleure heure du jour, du crépuscule ou de nuit pour restituer ton écriture. Des bouteilles d’eau pour arroser certaines statues qui nécessitaient les gouttes tombantes et la noirceur de la pierre, de la neige pour blanchir le sol comme le ciel, du soleil matinal pour illuminer un regard, du soleil de midi pour écraser la statue sous la chaleur, des passages de lumière du jour à la nuit dans un même mouvement sur des métiers du Petit Sablon.

Et Paul Sterck qui vient à vélo nous abreuver d’eau pendant que nous nous dépensons sous le soleil ardent de l’été 2019.
Et Margarida vient aussi nous retrouver avec son chien avant de se lancer dans la musique qu’elle crée pour ton film.
Thomas, mon fils, prend sous ta directive les rênes du montage qui donne sa forme définitive à ta création.

Claude, tu nous quittes ce 2 décembre 2020, le visage tranquille, avec la même noblesse qui t’a toujours accompagnée, ta discrétion, ton humour, ta culture littéraire et artistique énorme. Tu venais encore de partir un jour de tempête à Knokke pour y voir une exposition, prenant le train et bravant les éléments déchainés du vent et de la pluie.

Ton avenir ne sera pas celui d’une statue mais d’un arbre qui poussera où Esther décidera de te faire vivre.

Michel Baudour, directeur photo.

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